Dans un communiquĂ© du 25 avril 2024, dans le cadre dâune plainte Ă lâencontre dâune sociĂ©tĂ© qui collectait de nombreuses donnĂ©es personnelles de candidats Ă lâembauche, la CNIL rappelle que le recruteur ne peut collecter que les donnĂ©es prĂ©sentant « un lien direct et nĂ©cessaire avec lâemploi proposĂ© ou avec lâĂ©valuation des aptitudes professionnelles » (Article L. 1221-6 du Code du travail).
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Les exigences du principe de minimisation lors du recrutement dâun salariĂ©
La CNIL avait Ă©tĂ© saisie dâune plainte Ă lâencontre dâune sociĂ©tĂ© qui collectait de nombreuses donnĂ©es personnelles de candidats Ă lâembauche, telles que le lieu de naissance, la nationalitĂ©, la situation de famille, (sâils Ă©taient en couple, les nom et prĂ©nom de leur conjoint, leur date et lieu de naissance, leur profession, le nombre dâenfants et leur Ăąge), ainsi que lâensemble des salaires perçus dans les entreprises prĂ©cĂ©dentes (salaire brut annuel global dont variable).
Or, cette collecte est contraire au principe de minimisation qui impose au responsable de traitement de traiter des informations limitĂ©es Ă ce qui est nĂ©cessaire Ă la rĂ©alisation des objectifs poursuivis. Les entreprises doivent se conformer Ă cette exigence du principe de minimisation lors du recrutement dâun salariĂ©. La sociĂ©tĂ© sâĂ©tant conformĂ©e Ă cette mise en demeure, la prĂ©sidente de la CNIL a clĂŽturĂ© la procĂ©dure de mise en demeure Ă son encontre.
La prĂ©sidente de la CNIL a clairement explicitĂ©, dans ce contexte Ă la sociĂ©tĂ© que, dans le cadre dâun recrutement, les informations quâil nâest pas justifiĂ© de collecter auprĂšs dâun candidat Ă un emploi :
- Des informations relatives aux membres de sa famille ;
- Du lieu de naissance du candidat;
- Dâinformations relatives Ă la nationalitĂ© dâun candidat pour Ă©valuer sa capacitĂ© Ă occuper lâemploi proposĂ©. Un niveau de dĂ©tail agrĂ©gĂ© (par exemple sous forme de trois options : « Français », « ressortissant de lâUnion europĂ©enne » ou « hors UE ») devrait suffire, notamment pour les emplois dits « de souverainetĂ© ». Dans le cas des candidats de nationalitĂ© Ă©trangĂšre, les informations relatives Ă la possession dâun titre les autorisant Ă travailler en France font partie des donnĂ©es susceptibles dâĂȘtre collectĂ©es dans le cadre du recrutement ;
- Du montant des salaires perçus par le passĂ© dâun candidat, Ă lâinitiative dâun recruteur. Cette information ne prĂ©sente pas dâutilitĂ© pour apprĂ©cier la capacitĂ© Ă occuper lâemploi proposĂ© ou les aptitudes du candidat, et ne sont de ce fait pas compatibles avec les dispositions du code du travail. Le candidat peut cependant, de sa propre initiative, fournir tout Ă©lĂ©ment utile Ă la justification de ses prĂ©tentions salariales.
En recrutement, le seul objectif des informations demandées : valider ou non une candidature...
Par ailleurs, la CNIL rappelle que le recruteur ne doit procĂ©der Ă aucune discrimination illicite des candidats. Par exemple, une personne ne peut ĂȘtre Ă©cartĂ©e d'une procĂ©dure de recrutement en raison de son Ăąge ou encore de sa situation de famille (Article L. 1132-1 du Code du travail). Les informations demandĂ©es doivent permettre dâidentifier le candidat le plus adaptĂ© au poste Ă pourvoir, de vĂ©rifier ses compĂ©tences (les connaissances, le savoir-faire et le savoir-ĂȘtre) et les qualifications requises pour le poste concernĂ© (diplĂŽmes, titres et expĂ©riences). Elles doivent avoir pour seul objectif de pouvoir valider ou non une candidature.
Certaines informations ne peuvent ĂȘtre collectĂ©es quâau stade de lâembauche (et non Ă l'Ă©tape du process de recrutement)
Ce nâest quâau stade de lâembauche, câest-Ă -dire une fois quâune candidature a Ă©tĂ© dĂ©finitivement retenue, que lâemployeur pourra collecter des donnĂ©es supplĂ©mentaires (Ă©tat civil complet, comprenant notamment la date et le lieu de naissance, lâadresse postale, le numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale, les copies des justificatifs, etc.). En effet, seules les donnĂ©es des candidats retenus sont nĂ©cessaires pour lâaccomplissement des formalitĂ©s obligatoires de lâemployeur (dĂ©claration prĂ©alable Ă lâembauche, dĂ©claration sociale nominative, etc.).
Ces éléments ne sont pas nouveaux, mais il est toujours utile de les rappeler...Et pour aller plus loin, je vous recommande le guide du recrutement de la CNIL, publié en janvier 2023 et bien sûr le rÚglement général sur la  protection des données - RGPD (notamment l'article 5 - Principes relatifs au traitement des données à caractÚre personnel).
Dix-huit ans aprÚs la création de l'association A Compétence Egale, dont je suis l'un des fondateurs et que j'ai eu l'honneur de présider durant cinq années, je me souviens des débats que nous avions sur tous ces thÚmes, notamment lors de la rédaction du Guide "Comment recruter sans discriminer", avec Stéphanie Lecerf et avec la Halde (aujourd'hui Le Défenseur des droits). En 2024, un recruteur ne peut plus ignorer ces exigences...
La rĂ©ponse est oui...En effet, dans une affaire jugĂ©e le 14 fĂ©vrier dernier par la Cour de cassation (Cass. soc. n°22-10.513), la juridiction suprĂȘme a estimĂ© que, faute de justifier la diffĂ©rence de traitement par des Ă©lĂ©ments objectifs Ă©trangers Ă toute discrimination, lâemployeur doit ĂȘtre condamnĂ© Ă verser des dommages intĂ©rĂȘtsâŠquand bien mĂȘme cette diffĂ©rence serait minime et de 10 centimes par heure entre un travailleur handicapĂ© et un autre salariĂ© et qui exerçait le mĂȘme travail.
Lâaffaire concerne un salariĂ© reconnu travailleur handicapĂ©, engagĂ© en qualitĂ© d'aide bobineur en 2005, par la sociĂ©tĂ© Papeteries de Clairefontaine et licenciĂ© en novembre 2016 pour motif disciplinaire. Ce dernier a saisi la juridiction prud'homale de diverses demandes au titre de l'exĂ©cution et de la rupture de son contrat de travail. Le salariĂ© invoquait une discrimination salariale fondĂ©e sur sa situation de travailleur handicapĂ©, constatant que sa rĂ©munĂ©ration Ă©tait infĂ©rieure Ă celle de son collĂšgue de travail accomplissant le mĂȘme travail et dont la rĂ©munĂ©ration Ă©tait supĂ©rieure de 10 centimes par heure.
La cour d'appel de Nancy dans un arrĂȘt du 18 novembre 2021 a estimĂ© que l'employeur ne dĂ©montrait pas que cette diffĂ©rence de traitement Ă©tait justifiĂ©e par des Ă©lĂ©ments Ă©trangers Ă toute #discrimination en raison du #handicap et a condamnĂ© lâemployeur Ă verser des dommages et intĂ©rĂȘts pour discrimination salariale.
La Cour de cassation a rejetĂ© le pourvoi et a condamnĂ© la sociĂ©tĂ© Papeteries de Clairefontaine aux dĂ©pens ainsi quâĂ la somme de 3 000 ⏠au titre des frais exposĂ©s et non compris dans les dĂ©pens.
Dans mon dernier article, je commentais la directive europĂ©enne 2023/970 du 10 mai 2023 qui vise Ă renforcer lâapplication du principe de lâĂ©galitĂ© des rĂ©munĂ©rations entre les femmes et les hommes, Ă travail Ă©gal par la transparence des rĂ©munĂ©rations, mais dont la portĂ©e est plus large que la seule Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes. J'alertais sur la nĂ©cessitĂ© pour les directions dâentreprises d'accĂ©lĂ©rer leur prĂ©paration Ă ces obligations dans un calendrier aussi proche (la directive doit ĂȘtre transposĂ©e en droit interne au plus tard en juin 2026 et devrait l'ĂȘtre probablement en France l'an prochain). Cette directive imposera la transparence des rĂ©munĂ©rations Ă lâembauche, ainsi que la mise Ă disposition des critĂšres utilisĂ©s pour dĂ©terminer la rĂ©munĂ©ration, les niveaux de rĂ©munĂ©ration et la progression des rĂ©munĂ©rations. Comme câest le cas dĂ©jĂ en cas de discrimination en gĂ©nĂ©ral, la directive confirme le principe du renversement de la charge de la preuve. Il incombera donc au dĂ©fendeur, dĂšs lors quâil existe des faits laissant prĂ©sumer lâexistence dâune discrimination directe ou indirecte, de prouver quâil nây a pas eu de discrimination en matiĂšre de rĂ©munĂ©ration. C'est d'ailleurs l'un des arguments de l'arrĂȘt de la Cour de cassation.
L'Association Française des Managers de la Diversité (AFMD) Charte de la diversité DILCRAH Le Défenseur des droits Aurore Bergé Catherine Vautrin#handicap #diversité
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Rien n'est moins sĂ»r...En prĂ©ambule, rappelons que lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes est loin de progresser aussi rapidement que nous le souhaiterions⊠Au rythme oĂč vont les choses, il faudra 169 ans pour atteindre la paritĂ© Ă©conomique dans le monde, selon le rapport du World Economic Forum en 2023⊠(1) LâĂ©cart de rĂ©munĂ©ration sâĂ©lĂšve Ă 20% Ă lâĂ©chelle mondiale et en Europe Ă 13 %. En France, le revenu salarial moyen des femmes est infĂ©rieur de 24 % Ă celui des hommes dans le secteur privĂ©.
Cette directive europĂ©enne 2023/970 du 10 mai 2023 est donc la bienvenue ! (2). Elle vise Ă renforcer lâapplication du principe de lâĂ©galitĂ© des rĂ©munĂ©rations entre les femmes et les hommes, Ă travail Ă©gal par la transparence des rĂ©munĂ©rations. A travail Ă©galâŠmais Ă©galement pour un travail de mĂȘme valeur ; ce point constituant sans nul doute une avancĂ©e dâune trĂšs grande portĂ©e et que peu dâobservateurs ont pointĂ© du doigt. PubliĂ©e il y a bientĂŽt un an, la directive doit ĂȘtre transposĂ©e en droit interne au plus tard le 7 juin 2026. Elle sâinscrit dans un courant mondial, avec des progrĂšs notables outre-Atlantique. Et ce nâest pas un hasard. LâORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL (OIT) constate un regain dâintĂ©rĂȘt pour la lutte contre lâĂ©cart salarial entre les sexes, car les effets de la pandĂ©mie de COVID-19 se sont fait sentir diffĂ©remment sur les hommes et sur les femmes, ces derniĂšres travaillant en plus grand nombre dans les secteurs les plus durement touchĂ©s et dĂ©pendant de lâemploi informel. Lâorganisation vient dâailleurs de publier un document qui propose une cartographie dĂ©taillĂ©e des lĂ©gislations en vigueur en matiĂšre dâĂ©galitĂ© des salaires dans les pays du monde entier et qui confirme cette tendance. (3)
Les mesures prĂ©vues dans la directive vont bien au-delĂ de lâIndex de lâĂ©galitĂ© professionnelle en France. Si cet index dit « PĂ©nicaud », du nom de la ministre du Travail, Ă lâorigine du dispositif crĂ©Ă© en 2019, constituait dĂ©jĂ une avancĂ©e sur ce thĂšme et sera prochainement rĂ©formĂ©, il se limite Ă seulement cinq indicateurs relativement imprĂ©cis et comprend des « erreurs de mĂ©thodes », selon la Cour des comptes. La directive europĂ©enne sera un progrĂšs de plus pour la transparence salariale, laquelle est sans conteste un outil majeur pour atteindre lâĂ©galitĂ© de rĂ©munĂ©ration et pour faciliter la nĂ©gociation salariale. Un exercice oĂč les femmes ne sont pas Ă armes Ă©gales. Ainsi, une Ă©tude amĂ©ricaine dâIndeed en dĂ©cembre 2020 montrait que 41% des femmes dĂ©claraient ĂȘtre trĂšs ou assez mal Ă l'aise dans cet exercice, contre seulement 21 % des hommes. (4)
Des inĂ©galitĂ©s malgrĂ© des dĂ©cennies dâengagement sur le plan europĂ©en
Cette directive fait suite Ă de nombreux textes majeurs pour davantage dâĂ©galitĂ© pour les femmes, tels que la convention des Nations unies de 1979 sur lâĂ©limination de toutes les formes de discrimination Ă lâĂ©gard des femmes, le traitĂ© sur lâUnion europĂ©enne qui consacre le droit Ă lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes, la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne, la Directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novembre 2000 ou encore la Directive 2006/54/CE relative Ă la mise en Ćuvre du principe de l'Ă©galitĂ© des chances et de l'Ă©galitĂ© de traitement entre hommes et femmes en matiĂšre d'emploi et de travail âŠDes textes qui nâont pourtant pas permis dâatteindre cette Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommesâŠ
Une jurisprudence française récente en faveur de la transparence salariale
Cette directive europĂ©enne arrive juste aprĂšs un arrĂȘt rĂ©cent en France de la Cour de cassation du 8 mars 2023, selon laquelle les femmes peuvent exiger de leur entreprise quâelle fournisse la fiche de paie des collĂšgues masculins occupant des postes de niveau comparable au leur. Pour la Cour de cassation, cette communication est indispensable Ă l'exercice du droit Ă la preuve et est proportionnĂ©e au but poursuivi, câest-Ă -dire « Ă la dĂ©fense de l'intĂ©rĂȘt lĂ©gitime de la salariĂ©e Ă l'Ă©galitĂ© de traitement entre hommes et femmes en matiĂšre d'emploi et de travail ». (5). LâĂ©volution de la jurisprudence française traduit bien lâĂ©volution de notre sociĂ©tĂ© et le refus de lâopacitĂ© des politiques de rĂ©munĂ©ration.
Une rĂ©volution dans un pays oĂč le salaire est un tabou
Lâesprit de cette directive constitue une rĂ©volution, dans un pays comme la France oĂč la rĂ©munĂ©ration demeure encore trop souvent un tabou. Et ce nâest pas avec ses collĂšgues, que lâinformation sera accessible puisque plus de la moitiĂ© des salariĂ©s ne parlent pas de leur salaire avec eux, selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Robert Half en 2024 (6). La solution serait donc que ces informations soient accessibles par le biais de la ligne managĂ©riale ou de la direction des ressources humaines de lâentreprise. Câest pourtant rarement le cas. Pour les employĂ©s, il est donc difficile de savoir sâils sont rĂ©munĂ©rĂ©s Ă leur juste valeur, sans connaĂźtre les rĂšgles et surtout les comparatifs par rapport Ă leurs collĂšgues. Qui plus est, lorsquâil est question dâidentifier une discrimination Ă lâencontre des femmes.
Cette discrimination est bien rĂ©elle. Rappelons, quâen France, le revenu salarial moyen des femmes est infĂ©rieur de 24 % Ă celui des hommes dans le secteur privĂ©. En Ă©quivalent temps plein, le salaire moyen des femmes est infĂ©rieur de 15 %. A poste comparable, Ă savoir, pour une mĂȘme profession exercĂ©e chez le mĂȘme employeur, lâĂ©cart de salaire est de 4 %. La situation est particuliĂšrement dĂ©favorable en haut de lâĂ©chelle des rĂ©munĂ©rations, puisque les femmes ne reprĂ©sentent que 22,8 % des 1 % des salariĂ©s les mieux rĂ©munĂ©rĂ©s. (EnquĂȘte Insee 7)
Et en Europe ? Dans la directive de 2023, il est rappelĂ© que lâĂ©cart de rĂ©munĂ©ration entre les femmes et les hommes dans lâUnion persiste et sâĂ©lĂšve Ă 13 % en 2020, avec des variations importantes entre les Ătats membres. Pire encore, il nâa que trĂšs peu diminuĂ© au cours des dix derniĂšres annĂ©es.
Lâune des avancĂ©es majeures de la directive : la transparence des rĂ©munĂ©rations Ă lâembauche
Câest bien Ă lâembauche que tout commence et bien souvent, il est trĂšs difficile de rattraper le retard pour une femme dont la rĂ©munĂ©ration est mal Ă©valuĂ©e au dĂ©but de sa carriĂšre, y compris en cas de mobilitĂ© externe. La directive prĂ©voit un droit Ă la transparence des rĂ©munĂ©rations avant lâembauche : tout candidat Ă un emploi dispose dâun droit de recevoir de lâemployeur potentiel des informations sur la rĂ©munĂ©ration initiale ou la fourchette de rĂ©munĂ©ration initiale. Un tel droit permet de garantir une nĂ©gociation davantage Ă©clairĂ©e et transparente.
Câest une excellente mesure, car le manque de transparence nuit particuliĂšrement aux femmes qui pour certaines ne sont pas Ă lâaise, lorsquâil sâagit de nĂ©gocier leur rĂ©munĂ©ration. De surcroit, encore trop dâentreprises sâappuient sur la rĂ©munĂ©ration du candidat au poste prĂ©cĂ©dent ; ce qui a pour effet de reproduire les inĂ©galitĂ© passĂ©es, alors que seuls le contenu du poste et le niveau de responsabilitĂ© du poste Ă pourvoir devraient ĂȘtre pris en considĂ©ration. Rappelons, selon la CNIL, que la collecte des bulletins de paie par un recruteur apparaĂźt disproportionnĂ©e et incompatible avec les exigences lĂ©gales. (8)
Cette opacitĂ© nâest dâailleurs pas une fatalitĂ©, puisquâau Royaume-Uni, la pratique d'afficher le salaire dans les annonces est la plus rĂ©pandue (plus de 70 %), selon une Ă©tude dâIndeed de 2023 (9). Aux Etats-Unis, dans au moins huit Ătats (Californie, New York, New Jersey, Washington...), les employeurs sont dĂ©sormais tenus d'indiquer les Ă©chelles salariales dans les descriptions de poste, lorsque les candidats le demandent ou Ă certaines Ă©tapes du processus d'embauche. Dâautres Etats devraient introduire cette mesure dans les annĂ©es Ă venir. En 2023, un nouveau projet de loi, le Salary Transparency Act, a mĂȘme Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au CongrĂšs. Il avait pour objectif dâimposer aux employeurs dâindiquer une Ă©chelle salariale dans les offres d'emploi, mais il nâa toutefois pas Ă©tĂ© dĂ©battu. (10)
Au-delĂ des principes Ă©thiques et dâĂ©galitĂ©, la transparence constitue un Ă©lĂ©ment dâattractivitĂ©, dans un contexte oĂč les entreprises peinent Ă recruter. En France, dans une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par HelloWork en 2022, il ressort que le salaire est jugĂ© comme Ă©tant important pour prĂšs de neuf candidats sur dix, alors quâil nâest indiquĂ© de maniĂšre systĂ©matique que par 30% des entreprises et quâune sur trois ne lâindique jamais. PrĂšs de la moitiĂ© des candidats (45%) sont moins susceptibles de postuler sans lâindication de rĂ©munĂ©ration dans lâannonce, selon cette enquĂȘte dâHellowork. (11) Ne pas afficher le salaire dans les offres dâemploi dissuade un candidat sur deux, selon une autre enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par Robert Half en 2024. (12)
Précisons que la transparence, selon la directive européenne concerne non pas seulement le salaire fixe, mais aussi tout autre avantage, payé directement ou indirectement, en espÚces ou en nature (composantes variables ou complémentaires) par un employeur.
Autre mesure de la directive : mise à disposition des critÚres utilisés pour déterminer la rémunération
Bien Ă©videmment, la fixation de la rĂ©munĂ©ration est dĂ©terminante Ă lâembauche, mais les Ă©carts peuvent se creuser entre les femmes et les hommes tout au long de leur carriĂšre. Câest pourquoi la vigilance doit ĂȘtre de tous les instantsâŠLa directive prĂ©voit une obligation de transparence Ă lâĂ©gard des employeurs relative Ă la mise Ă disposition des critĂšres utilisĂ©s pour dĂ©terminer la rĂ©munĂ©ration, les niveaux de rĂ©munĂ©ration et la progression des rĂ©munĂ©rations. Avec ces nouvelles dispositions, les travailleurs disposeront du droit de demander et de recevoir des informations sur leur niveau de rĂ©munĂ©ration individuel et sur les niveaux de rĂ©munĂ©rations moyens, par sexe et par catĂ©gorie de travailleurs accomplissant un travail de mĂȘme valeur.
De plus, les entreprises dâau moins 100 salariĂ©s devront produire un rapport sur les Ă©carts de rĂ©munĂ©ration entre femmes et hommes, par catĂ©gories de salariĂ©s (pour les Ă©carts d'au moins 5 %). Ces donnĂ©es devront ĂȘtre publiĂ©es chaque annĂ©e, pour les entreprises dâau moins 250 salariĂ©s et tous les trois ans, pour celles de 100 Ă 249 salariĂ©s.
Certes, certaines entreprises en France offrent aujourdâhui de maniĂšre volontaire le BSI (Bilan Social Individuel), Ă leurs salariĂ©s. Il sâagir dâun document annuel et individuel sâadressant spĂ©cifiquement Ă chaque salariĂ© et qui rĂ©sume principalement les diffĂ©rentes composantes de sa rĂ©munĂ©ration, ainsi que dâautres informations (congĂ©s, formations, mutuelle, remboursements de frais etc.). Mais ce document ne comprend pas dâĂ©lĂ©ments de comparaison, permettant au salariĂ© de vĂ©rifier lâĂ©galitĂ© de traitement au sein de son entreprise.
Dialogue social, charge de la preuve, crĂ©ation dâun organisme pour lâĂ©galitĂ© de traitement, des mesures qui devraient accĂ©lĂ©rer lâĂ©galitĂ© de traitement
A ces mesures de transparence des rĂ©munĂ©rations, que ce soit Ă lâembauche ou durant sa carriĂšre, sâajoutent diverses mesures pour favoriser le dialogue social sur cette thĂ©matique. Par ailleurs, la directive met en place un droit Ă indemnisation pour tout travailleur ayant subi un dommage du fait dâune violation des droits ou obligations relatifs au principe de lâĂ©galitĂ© des rĂ©munĂ©rations. Comme câest le cas dĂ©jĂ en cas de discrimination en gĂ©nĂ©ral, la directive confirme le principe du renversement de la charge de la preuve. Il incombera donc au dĂ©fendeur, dĂšs lors quâil existe des faits laissant prĂ©sumer lâexistence dâune discrimination directe ou indirecte, de prouver quâil nây a pas eu de discrimination en matiĂšre de rĂ©munĂ©ration. Ă dĂ©faut, il est prĂ©vu que les Ătats membres dĂ©terminent un rĂ©gime de sanctions effectives, proportionnĂ©es et dissuasives Ă lâĂ©gard des employeurs concernĂ©s. Enfin, la directive prĂ©voit la crĂ©ation dâorganismes pour lâĂ©galitĂ© de traitement dans chaque pays.
Les entreprises doivent sây prĂ©parerâŠurgemment
Cette directive est donc une bonne nouvelle pour lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes. Elle intervient dans le contexte en France de la loi Rixain (13) qui incitera une plus grande reprĂ©sentation des femmes dans la hiĂ©rarchie des entreprises, une autre faiblesse en matiĂšre dâĂ©galitĂ© professionnelle. Cette loi du 24 dĂ©cembre 2021, visant Ă accĂ©lĂ©rer l'Ă©galitĂ© Ă©conomique et professionnelle, oblige les entreprises dâau moins 1 000 salariĂ©s Ă compter du 1er mars 2022 Ă publier annuellement les Ă©carts Ă©ventuels de reprĂ©sentation entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes. Mais surtout, grĂące Ă cette loi, Ă compter du 1er mars 2026, les entreprises devront atteindre un objectif dâau moins 30% de femmes et dâhommes cadres dirigeants et dâau moins 30% de femmes et dâhommes membres dâinstances dirigeantes (40% Ă compter du 1er mars 2029).
Elisabeth BORNE, alors PremiĂšre ministre a annoncĂ© en octobre 2023, lors dâune confĂ©rence sociale rĂ©unissant les partenaires sociaux, une concertation afin de transposer la directive europĂ©enne en mars 2025, un an avant lâĂ©chĂ©ance prĂ©vu par le Parlement europĂ©en ; ce qui devrait donner lieu Ă un nouvel index d'Ă©galitĂ© professionnelle entre les femmes et les hommes, « plus transparent, plus fiable, plus ambitieux ».
Et de lâambition en matiĂšre de transparence des rĂ©munĂ©rations, Il en est besoin. Si les pratiques progressent, nous sommes encore loin du compte. Certes, en recrutement, selon une Ă©tude Indeed , la part dâannonces affichant un salaire dans le total des offres Indeed, a presque doublĂ© entre 2019 et 2023. Plusieurs sites dâemplois affichent dĂ©sormais une fourchette de rĂ©munĂ©ration sur lâensemble de leurs offres dâemploi, comme câest le cas de la plateforme Indeed ou le rĂ©seau professionnel LinkedIn . Mais 70% des offres dâemploi demeurent opaques en matiĂšre de rĂ©munĂ©ration. Dans le management au quotidien, les Ă©carts de rĂ©munĂ©ration entre les femmes et les hommes demeurent Ă©levĂ© et la transparence nâest pas au rendez-vous. Elle est dâailleurs loin de convaincre les employeurs...seuls 56% dâentre eux pensent quâune plus grande transparence des salaires facilitera les nĂ©gociations salariales et prĂšs de 6 sur 10 pensent quâelle entraĂźnera des frictions entre collĂšgues, selon une enquĂȘte de 2024 rĂ©alisĂ©e par Robert Half. (14)
Au-delĂ de la transparence salariale, la question majeure porte sur ce que lâentreprise rĂ©vĂšlera de son systĂšme de rĂ©munĂ©ration et donc de management. Or, toutes les entreprises ne disposent pas dâune politique de rĂ©munĂ©ration et de grilles dâĂ©valuation des compĂ©tences et des performances structurĂ©s, clairs et rationnels et ce, pour tous les Ă©lĂ©ments de la rĂ©munĂ©ration dĂ©crits par la directive europĂ©enne, notamment les composantes variables ou complĂ©mentaires. LâenquĂȘte de VTW confirme ce frein Ă la communication ouverte sur les salaires, Ă savoir lâexistence de politiques de rĂ©munĂ©ration inadaptĂ©es (50%). (15) Lâautre dĂ©fi sera celui de la pĂ©dagogie de la part des Ă©quipes ressources humaines et des managers pour expliquer la logique du systĂšme de rĂ©munĂ©ration aux salariĂ©s.
Compte tenu de ces changements considĂ©rables pour les entreprises, notamment en termes de management, il est urgent que les directions dâentreprises accĂ©lĂšrent leur prĂ©paration Ă ces obligations dans un calendrier aussi proche. DerriĂšre les chiffres du salaire, câest tout un systĂšme de management, dâĂ©valuation de la compĂ©tence et de la performance de lâentreprise que lâon pourra dĂ©crypter. Et il nâest pas certains que toutes les directions souhaitent lever le voile sur ce systĂšmeâŠ
1. https://www3.weforum.org/docs/WEF_GGGR_2023.pdf
2. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32023L0970
3. https://webapps.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_protect/---protrav/---travail/documents/publication/wcms_850997.pdf
4. https://www.indeed.com/lead/the-importance-of-fair-pay-and-salary-transparency
5. https://www.courdecassation.fr/decision/64085bce66b1bafb02f11fb0
6. https://www.roberthalf.com/content/dam/roberthalf/documents/fr/fr/non-indexed/Ce%20que%20veulent%20les%20candidats%20-%20Avril%202024.pdf Â
7. https://www.insee.fr/fr/statistiques/7766515Â
8. https://www.cnil.fr/fr/le-guide-du-recrutement
9. https://fr.indeed.com/lead/afficher-le-salaire-dans-offre-emploi-une-pratique-qui-gagne-du-terrain
10. https://www.congress.gov/bill/118th-congress/house-bill/1599
https://www.govtrack.us/congress/bills/118/hr1599
11. https://www.hellowork-group.com/fr/actualites/le-recrutement-en-2022-candidats-recruteurs/
12. https://www.roberthalf.com/content/dam/roberthalf/documents/fr/fr/non-indexed/Ce%20que%20veulent%20les%20candidats%20-%20Avril%202024.pdf
13. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044559192
14. https://content.roberthalfonline.com/SG24/SG24-PDF/2024-Salary-Guide-France.pdf
15. https://www.wtwco.com/fr-fr/insights/2023/09/la-reglementation-sur-la-transparence-des-remunerations-comme-levier-dequite-salariale
L'Association Française des Managers de la DiversitĂ© (AFMD) ANDRH - Association Nationale des DRH Charte de la diversitĂ©Â Les entreprises pour la CitĂ© Haut Conseil Ă l'EgalitĂ© entre les femmes et les hommes MEDEF CPME nationale CFDT U2P CGT SYNDICAT CFE-CGC Ălisabeth Moreno Aurore BergĂ© Isabelle Rome MarlĂšne Schiappa BĂ©rangĂšre Couillard Catherine Vautrin Le DĂ©fenseur des droits DILCRAH #salaire #rĂ©munĂ©ration #management #ressourceshumaines #discrimination #Ă©galitĂ© #paritĂ©
Visibilisation des LGBT+ : il y a urgenceâŠ
Bien Ă©videmment, les Ă©volutions sur des thĂ©matiques de sociĂ©tĂ©, comme celle de lâorientation sexuelle et de lâidentitĂ© de genre, se font sur un temps long, beaucoup trop long selon moi, en dĂ©pit de quelques progrĂšs que nous pouvons noter.
Car, derriĂšre ces chiffres issus du BaromĂštre LGBT+ L'Autre Cercle - Ifop  dans le monde du travail, ce sont les destins de quelquesâŠ3 millions de personnes LGBT+ (lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre)âŠ* Une proportion de 10% de la population selon lâestimation dâune autre enquĂȘte dâIpsos qui monte Ă 18% pour les gĂ©nĂ©rations Z (personnes nĂ©es en 1997 et aprĂšs). Câest dire quâil y a urgence Ă transformer en profondeur les mentalitĂ©s et les pratiques des organisations, si lâon veut ĂȘtre au rendez-vous des nouvelles gĂ©nĂ©rations. En effet, nous ne pouvons plus nous permettre dâanalyser la triste rĂ©alitĂ© de lâinclusion des personnes LGBT+ avec le prisme des gĂ©nĂ©rations Boomers (nĂ©s en 1948-1964), qui ne sont que 4% Ă sâidentifier comme LGBT+.
DerriĂšre ces chiffres encore accablants, câest une partie de la population française qui souffre, qui se cache, invente une autre vie, voire qui subit les agressions LGBTphobes dans lâenvironnement de travail. Quel gĂąchis, si lâon pense que cette Ă©nergie nĂ©gative pourrait ĂȘtre mise au profit de lâengagement et de la fiertĂ© dâĂȘtre soi-mĂȘme.
Verre Ă moitiĂ© plein ou verre Ă moitiĂ© vide ? Selon moi, lorsquâil est question de droits humains et dâinĂ©galitĂ©, nous nous devons de voir dâabord le verre Ă moitiĂ© vide. Sans concessionâŠ
La visibilité des personnes LGBT+, des facteurs aggravants
4 personnes LGBT+ sur 10 sont encore dans le placardâŠCâest ce qui ressort du quatriĂšme BaromĂštre LGBT+ LâAutre Cercle- Ifop** que jâai eu le plaisir de lancer pour lâassociation en 2017 et dont jâai conduit les trois prĂ©cĂ©dentes Ă©ditions. En effet, 40% des LGBT+ ne sont pas visibles auprĂšs de leurs collĂšgues.
Et cela sâaggrave en fonction des catĂ©gories socioprofessionnelles, puisque 49% des ouvriers ne sont pas visibles (contre 36% des cadres et professions intellectuelles supĂ©rieures).
Et cette proportion de LGBT+ visibles tombe malheureusement à 51 % vis-à -vis de leurs supérieurs hiérarchiques directs.
Et cela se gĂąte avec la culture de lâentreprise : moins lâorganisation est LGBTfriendly, moins les personnes LGBT+ sont visibles (48% pour les organisations "non friendly", contre 25% quand elles sont "trĂšs friendly").
Une invisibilité lourde de conséquences
Les consĂ©quences de cette invisibilitĂ© est extrĂȘmement prĂ©judiciables pour les personnes concernĂ©es, puisquâelles peuvent se traduire, outre le fait d'omettre volontairement dâindiquer ou de parler du genre de son conjoint dans son organisation (47%), par le renoncement Ă participer Ă un Ă©vĂ©nement informel organisĂ© par des collĂšgues ou par lâorganisation oĂč les conjoints sont invitĂ©s (28%), voire le renoncement Ă faire valoir ses droits, comme le bĂ©nĂ©fice dâune mutuelle pour son conjoint (23%).
Le risque de moquerie et de jugement nĂ©gatif : premier ressort de lâinvisibilitĂ©
Quelles sont les raisons de cette invisibilitĂ©Â ? Pour 30% des LGBT+ non visibles, cette invisibilitĂ© est liĂ©e aux risques encourus (moqueries, jugements nĂ©gatifsâŠ) et Ă lâenvironnement de travail non inclusif.
Pour 53% dâentre eux, leur entourage professionnel n'a pas besoin de le savoir...Etrange ? Pas autant que cela puisse paraitre. Car câest dâabord une forme dâautocensure de la part des personnes LGBT+ non visibles. En effet, cet argument ne serait jamais avancĂ© de la part dâune personne cisgenre (c'est Ă dire non transgenre) ou hĂ©tĂ©rosexuelle. Câest bien toute la difficultĂ© dâune minoritĂ© qui se pense dans un monde hĂ©tĂ©ronormĂ©âŠ
La LGBTphobie nâest pas un fantasme
Si une grande partie des personnes LGBT+ reste dans lâombre, câest bien pour des raisons profondes. Bien loin de lâillusion dâune entreprise LGBTfriendly : selon lâenquĂȘte LâAutre Cercle - Ifop, 77% des salariĂ©s considĂšrent leur organisation comme LGBT-friendly, câest-Ă -dire bienveillante et inclusive Ă lâĂ©gard des personnes LGBT+âŠ
Et pour les employĂ©s LGBT+, la rĂ©alitĂ© est bien divergente de cette image idyllique : 28% dâentre eux dĂ©clarent encore aujourdâhui avoir Ă©tĂ© victimes dâau moins une agression LGBTphobe au travail et ce niveau reste relativement stable par rapport Ă 2021 (-2 pts). Ces agressions prennent la forme de moqueries dĂ©sobligeantes ou des propos vexants (23%), dâinsultes ou injures Ă caractĂšre diffamatoire (16%), de mise Ă l'Ă©cart des autres employĂ©s (15%), des menaces dâouting (12%), des menaces dâagression sur les biens ou la personne (12%), ou encore dâactes de violences physiques ou sexuelles (10%). LâenquĂȘte ne rĂ©vĂšle pas de diffĂ©rence entre les gays et les lesbiennes, alors quâelle est significative en fonction de lâapparence : 68% des hommes dâapparence fĂ©minine contre 28% des hommes dâapparence masculine dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© victimes dâau moins une agression LGBTphobe dans leur organisation.
Tout aussi alarmant en 2024 en France : 53% des LGBT+ dĂ©clarent avoir entendu des expressions LGBTphobes telles que « enculĂ© » (45%), « pĂ©dĂ© » (40%), « ce nâest pas un boulot de pĂ©dĂ© » (35%), « gouine » (32%) ou encore « travelo » (29%).
Tout aussi inquiétant : 1 personne LGBT+ sur 4 déclare avoir été victime de discrimination de la part de sa direction (ce chiffre est malheureusement stable depuis 2021). Les ouvriers LGBT+ sont plus exposés aux discriminations que les autres professions (31%, versus 25% pour les cadres et professions intellectuelles supérieures).
Pour les personnes transgenres et non binaires, la situation est encore plus critique : 42% d'entre elles disent avoir subi des discriminations de la part de leur direction (versus 24% pour les lesbiennes, 22% pour les gays et 21% pour les personnes bisexuelles). Pour elles, les agressions LGBTphobes sont exacerbées : 37% déclarent avoir subi au moins une agression sur leur lieu de travail (+ 9 points par rapport à celui des LGBT+).
Face Ă ces agressions LGBTphobes, le silence reste encore trĂšs prĂ©gnant : 39% des employĂ©s LGBT+ victimes de moqueries dĂ©sobligeantes ou de propos vexants nâen ont parlĂ© Ă personne.
En dehors du monde du travail, le contexte est peu rassurant...Comme le souligne le rapport 2023 de SOS homophobie***, le regain des violences Ă lâencontre des personnes LGBTI dans lâespace publique, ainsi que la haine en ligne est bien rĂ©el. Dans ce mĂȘme rapport lâassociation insistait sur la hausse inquiĂ©tante des agressions physiques (en 2022, 184 cas recensĂ©s, en hausse de 28 % par rapport Ă 2021).
Et bien Ă©videmment, n'oublions pas le contexte international oĂč les droits des personnes LGBT+ se durcissent, aux Etats-Unis, en Russie, en Afrique, alors que dans 70 pays, ĂȘtre LGBT+ est rĂ©primĂ© et mĂȘme passible de la peine de mort.
Autant d'arguments pour voir le verre à moitié vide...
Quels leviers pour sortir du placard ?
Quels seraient les leviers pour que les personnes LGBT+ deviennent visibles ? Ce sont avant tout des changements qui concourent Ă rendre lâenvironnement plus sĂ©curisant, notamment grĂące Ă un engagement de la direction et de la hiĂ©rarchie. En premier lieu, de lâavis des personnes LGBT+ non visibles, ce serait la garantie de recadrage ou la sanction de la part de la hiĂ©rarchie en cas de comportement ou dâacte de discrimination LGBTphobe au sein de lâorganisation (54%), tout comme la signature dâune charte pour lutter contre les discriminations liĂ©es Ă lâorientation sexuelle et l'identitĂ© de genre (53%). Au mĂȘme rang, ce serait la garantie dâun environnement de travail favorable Ă lâexpression de son orientation sexuelle ou de son identitĂ© de genre (53%). Sont avancĂ©s Ă©galement des sensibilisations de lâensemble du personnel (52%) et une prise de parole claire de la direction relayĂ©e par son supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct (50%). De mĂȘme, pour la moitiĂ© des LGBT+ non visibles, la prĂ©sence de collĂšgues visibles, dâassociations ou rĂ©seau LGBT+ au sein de lâorganisation et la prĂ©sence dâune personne rĂ©fĂ©rente pour la diversitĂ©, la lutte contre les discriminations intĂ©grant les questions LGBT+ au sein de lâorganisation seraient de nature Ă rendre visibles les LGBT+ aujourdâhui encore dans le placard.
Une pointe, juste une pointeâŠdâoptimisme
Certes, nous devons nous rĂ©jouir de la hausse de 10 points en six ans en ce qui concerne la visibilitĂ© des personnes LGBT+ (60% versus 50% en 2018). Cette progression est liĂ©e notamment Ă lâĂ©volution Ă la fois sociologique, avec la prĂ©sence davantage de personnalitĂ©s LGBT+ dans le monde des sports, des mĂ©dias et politique, comme lâillustre rĂ©cemment la prĂ©sence dâune personne ouvertement gay au sommet du Gouvernement. Et dans le monde du travail, ce sont prĂšs de 300 organisations signataires de la Charte d'Engagement LGBT+ en France et aprĂšs cinq annĂ©es dâĂ©ditions RĂŽles ModĂšles LGBT+ de LâAutre Cercle, nous comptons davantage dâacteurs engagĂ©s LGBT+ et alliĂ©s. De mĂȘme, lâĂ©volution du cadre lĂ©gal a consacrĂ© ou accĂ©lĂ©rĂ© ce mouvement : officialisation des couples homosexuels par les lois de 1999 qui a lĂ©galisĂ© le PACS et de 2013 qui a instaurĂ© le Mariage pour Tous. Dans lâEurobaromĂštre sur les discriminations de 2023, il ressortait quâen France, que plus de 8 Français sur 10 conviennent qu'il n'y a rien de mal dans une relation sexuelle entre deux personnes du mĂȘme sexe et que prĂšs de 8 sur 10 dĂ©clarent qu'ils se sentiraient Ă l'aise si une personne lesbienne, gay ou bisexuelle occupait le poste politique le plus Ă©levĂ© du paysâŠ***
Tout comme nous devons nous fĂ©liciter de lâimpact de lâengagement des directions en matiĂšre dâinclusion des personnes LGBT+ : les employĂ©s LGBT+ travaillant dans une organisation signataire de la Charte de LâAutre Cercle sont plus visibles auprĂšs de leurs collĂšgues (67% contre 60% pour la moyenne France). De mĂȘme, ils sont moins nombreux Ă ĂȘtre victimes dâinsultes ou dâinjures Ă caractĂšre diffamatoire (9% vs 16%) et dâactes de violences physiques ou sexuelles (3% vs 10%).
Alors oui, malgrĂ© ces progrĂšs, je persiste Ă voir dâabord le verre Ă moitiĂ© vide et Ă mâinsurger contre cette rupture dâĂ©galitĂ© et cette exclusion qui peut concerner 3 millions de personnes LGBT+ au travail dans notre pays. Ce n'est parce que je suis pessimiste, mais parce que mon ambition pour l'inclusion des personnes LGBT+ est bien supĂ©rieure aux rĂ©sultats du baromĂštre, fussent-ils en progression.
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* Extrapolation sur la base de la population active au sens du Bureau international du travail (BIT) de 30,6 millions de personnes en France hors Mayotte et de lâenquĂȘte LGBT+ PRIDE 2023, dâIPSOS qui identifie en France 10% de personnes LGBT+.
** LâenquĂȘte 4e BaromĂštre LGBT+ LâAutre Cercle- Ifop 2024 a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e au cours du premier trimestre 2024 auprĂšs dâun Ă©chantillon national reprĂ©sentatif de 8 997 salariĂ©s et ou agents ĂągĂ©s de 18 ans et plus rĂ©sidant en France mĂ©tropolitaine, dont 1 027 LGBT+ (personnes homosexuelles, bi/pansexuelles, asexuelles et transgenres) et dâun Ă©chantillon de 43 252 salariĂ©s et ou agentes travaillant dans 83 organisations signataires de la Charte dâEngagement LGBT+ LâAutre Cercle, dont 6 915 LGBT+
*** Rapport sur les LGBTIphobies 2023, SOS homophobie
**** Special Eurobarometer 535, Discrimination in the European Union, European Commission, DĂ©cembre 2023
Alors que les syndicats et le patronat sont en pleine nĂ©gociation sur lâemploi des seniors, dans le cadre du « Pacte de la vie au travail ».
83 % des travailleurs jugent les actions en faveur de lâemployabilitĂ© des seniors insuffisantes de la part des entreprises. Et ils sont 76 % pour ce qui concerne les actions de la part des pouvoirs publics. Câest ce qui ressort de la 4e Ă©dition du baromĂštre du Groupe Apicil. *
Et la thĂ©matique devient Ă©pineuse avec le recul de lâĂąge de dĂ©part Ă la retraite Ă 64 ans et par consĂ©quent lâallongement des carriĂšres. Selon la DARES, en 2022, les 55 Ă 64 ans n'Ă©taient que 56,9 % Ă occuper un poste (contre 62,4 % en moyenne dans lâUnion europĂ©enne, soit 5 points de moins et la 17Ăšme position parmi les 27 pays de lâUnion europĂ©enne), alors quâils devront ĂȘtre actifs encore deux annĂ©es supplĂ©mentaires. Mais cela se gĂąte, lorsque lâon examine le taux dâemploi des 60-64 ans qui atteint le triste record de 36,2 %.
Et la thĂ©matique devient urgente : patronat et syndicats doivent trouver un accord sur le maintien en emploi et les conditions de travail des salariĂ©s ĂągĂ©s, dans le cadre du « Pacte de la vie au travail ». AprĂšs 12 rĂ©unions, cette date a Ă©tĂ© repoussĂ©e au 8 avril prochain et les partenaires devront trouver un compromisâŠ
Dans cette enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par OpinionWay publiĂ©e cette semaine, il ressort clairement que les seniors sont au centre de toutes les attentions des Français : ressenti de discrimination, malgrĂ© la perception dâune rĂ©elle valeur ajoutĂ©e des travailleurs ĂągĂ©s, insuffisance des mesures pour amĂ©liorer leur employabilitĂ© de la part des entreprises et de pouvoir publics.
Voici les principaux chiffres que jâai retenus de cette enquĂȘte :
- Discrimination des seniors : lâĂąge est perçu comme le 4e domaine sur lequel il y a le plus de discrimination en France (81 %). PrĂšs dâun collaborateur sur deux a dĂ©jĂ vu un candidat ne pas ĂȘtre recrutĂ© en raison de son Ăąge (45 %), ou ĂȘtre mis au placard pour cette mĂȘme raison (42 %). Dâautres ont Ă©tĂ© tĂ©moins dâun refus dâune promotion (33 %) ou dâune reconversion (31 %), tandis quâun cinquiĂšme des salariĂ©s ont eux-mĂȘmes Ă©tĂ© victimes de discrimination liĂ©e Ă leur Ăąge. 65 % sâinquiĂštent du traitement rĂ©servĂ© aux seniors et du manque dâactions en faveur de leur inclusion dans la sociĂ©tĂ©. 89 % des rĂ©pondants estiment quâil est difficile pour une personne ĂągĂ©e de 50 ans ou plus de trouver un emploi. Dans une autre enquĂȘte europĂ©enne (Eurobarometer 2023) lorsque lâon demande aux Français quel est le critĂšre qui dĂ©savantage le plus un candidat Ă compĂ©tences et qualifications Ă©gales, câest celui de lâĂąge (ĂȘtre trop jeune ou trop ĂągĂ©) qui arrive en deuxiĂšme position (63 %) aprĂšs celui de lâapparence physique (67 %) et qui connait une forte progression depuis la derniĂšre enquĂȘte en 2019 (+ 7%). **
- Les seniors : une richesse pour lâorganisation : câest ce que pensent 90 % des Français. La collaboration intergĂ©nĂ©rationnelle est indispensable Ă la transmission des savoirs (92 %). Elle favorise lâinnovation (87 %) et le dĂ©veloppement du mentorat des jeunes (90 %).
- Les compétences des seniors sont insuffisamment exploitées au sein de leur entreprise, pour 67 % des répondants
- Des seniors appréciés par leurs collÚgues : leur expérience (74 %) et leur capacité à transmettre leurs savoirs (49 %). Une part importante des salariés exprime aussi apprécier la bienveillance dont les seniors savent faire preuve, leur fiabilité et leur patience.
- Seulement 1 collaborateur sur 2 considĂšre que son organisation a dĂ©ployĂ© des actions en faveur de lâinclusion des seniors et 56 % ne se sentent pas bien informĂ©s des dispositifs mis en place
- Le maintien dans l'emploi des seniors : premiĂšre action prioritaire pour favoriser lâinclusion au sein des organisations de la part des Français, (29 %, dont 36 % des 50 ans et plus)
- 2 chantiers Ă mener en prioritĂ© dans les entreprises : lâadaptation des postes de travail (39 %) et le dĂ©veloppement de programmes de mentorat (39 %, dont 49 % chez ceux ĂągĂ©s de 50 ans et plus). Viennent ensuite des formations aux outils numĂ©riques et un accompagnement vers la fin de carriĂšre
- LâemployabilitĂ© des seniors : un enjeu important face aux difficultĂ©s de recrutement que connaissent les entreprises : pour 86 % des salariĂ©s
Négociation du Pacte de la vie au travail pour favoriser le maintien en emploi et les conditions de travail des salariés ùgés
Le patronat et syndicats doivent trouver un accord sur le maintien en emploi et les conditions de travail des salariĂ©s ĂągĂ©s, dans le cadre du « Pacte de la vie au travail ». Initialement, l'emploi des seniors devait ĂȘtre discutĂ© dans le cadre du projet de rĂ©forme loi « plein-emploi». Le 14 novembre 2023, ce texte a Ă©tĂ© adoptĂ©, mais deux jours aprĂšs, le Conseil constitutionnel a Ă©tĂ© saisi d'un recours. Le texte a finalement Ă©tĂ© publiĂ© en dĂ©cembre 2023, mais il revient aux syndicats et aux patronats de trouver des solutions sur le sujet. Le MinistĂšre du travail a communiquĂ© aux syndicats et au patronat un document dâorientation, dont lâune des principales lignes directrices serait dâaugmenter lâemploi des seniors : l'objectif de maintenir ces travailleurs Ă leur poste et dâatteindre le plein-emploi des seniors, soit 65 % des 60 Ă 64 ans en activitĂ© en 2030. Parmi les autres orientations, figurent la lutte contre lâusure professionnelle et la prĂ©vention de la pĂ©nibilitĂ© au travail, la facilitation des reconversions professionnelles. Enfin le ministĂšre du Travail souhaite crĂ©er un « Compte Epargne Temps Universel » (CETU), qui devrait permettre au salariĂ© ne disposant pas d'un compte Ă©pargne temps via son entreprise ou sa branche, de pouvoir y Ă©pargner ses jours de congĂ© non pris, afin de pouvoir les utiliser, quel que soit leur employeur.
Les propositions des syndicats
Les organisations syndicales CFDT , CGT SYNDICAT , Force OuvriÚre, CFE-CGC et Syndicat CFTC ont formulé 10 propositions en commun pour le Pacte de la Vie au Travail le mois dernier.
Parmi ces propositions, les syndicats veulent renforcer le dialogue social pour amĂ©liorer lâemploi des seniors en mettant en place un bilan social de branche et en rendant obligatoire la nĂ©gociation dâentreprise sur cet enjeu. Les organisations syndicales proposent de mettre en place un systĂšme de pĂ©nalitĂ© lorsque les objectifs dâamĂ©lioration du taux dâemploi des seniors ne seraient pas atteints.
Concernent la formation, sont proposĂ©s la crĂ©ation d'un vĂ©ritable droit Ă la reconversion professionnelle et le pilotage d'une stratĂ©gie nationale de la reconversion dans un lieu paritaire commun. A cela sâajoutent le souhait de faire du Conseil en Ă©volution professionnelle un droit effectif pour lâensemble des salariĂ©s, ainsi que lâouverture de la nĂ©gociation obligatoire les plans de dĂ©veloppements des compĂ©tences dans les entreprises de plus de 1 000 salariĂ©s.
En ce qui concerne les amĂ©nagements de fin de carriĂšre, les organisations veulent renforcer par la nĂ©gociation collective la prĂ©vention de lâusure professionnelle en rendant obligatoire la cartographie des mĂ©tiers Ă risque et fort taux de sinistralitĂ© dans les branches et les entreprises, afin dâanticiper les reconversions et de mettre en place des plans de prĂ©vention obligatoires intĂ©grant les amĂ©nagements de fin de carriĂšre. Sont Ă©galement prĂ©vues le droit Ă la retraite progressive opposable 4 ans Ă partir de 60 ans et le maintien des cotisations retraites Ă 100 % lorsque le salariĂ© passe Ă temps partiel dans sa derniĂšre partie de carriĂšre.
Initialement, le projet de rĂ©forme des retraites dĂ©fendu par la majoritĂ© prĂ©sidentielle devait crĂ©er lâindex senior, proposĂ© par L'ANDRH mais ce dernier a Ă©tĂ© rejetĂ© par le Conseil constitutionnel. Dans ce cadre, un CDI senior devait Ă©galement ĂȘtre expĂ©rimentĂ© pour faire bĂ©nĂ©ficier lâemployeur en CDI dâun demandeur dâemploi de plus de 60 ans d'un rĂ©gime de faveur en matiĂšre de cotisations sociales. Ce projet fait lâobjet dâune opposition par les organisations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC.
Les propositions du patronat
Les trois organisations patronales (MEDEF, CPME, U2P) ont transmis une nouvelle version du projet dâANI en faveur de lâanticipation et de lâaccompagnement des transformations du travail et de lâemploi, ce mercredi 3 avril 2024. Le texte servira de base pour une ultime nĂ©gociation.
Parmi les projets, figurent :
- LâintĂ©gration de lâemploi et de lâamĂ©lioration des conditions de travail des salariĂ©s seniors dans les thĂšmes de la nĂ©gociation obligatoire sur la Gestion des Emplois et Parcours Professionnels (GEPP). La nĂ©gociation obligatoire serait applicable aux entreprises dâau moins 300 salariĂ©s (et non plus dâau moins 1 000 salariĂ©s), a minima tous les quatre ans et devrait porter sur lâemploi des seniors.
- Les organisations patronales ne parlent plus de « CDI senior » (auquel Ă©tait opposĂ©es les organisations syndicales et câest un point sensible pour elles) ou de CDI « fin de carriĂšre », mais proposent dĂ©sormais un « Contrat de valorisation de lâexpĂ©rience » expĂ©rimental. Cette forme de CDI serait ouverte aux demandeurs dâemploi de 60 ans et plus inscrits Ă France Travail.
- Ils souhaitent Ă©galement rĂ©viser les modalitĂ©s pour donner de la visibilitĂ© sur les fins de carriĂšre : en prĂ©vision de lâentretien bilan et perspectives professionnelles Ă 60 ans qui doit permettre de faire le point avec le salariĂ© sur les modalitĂ©s dâorganisation de sa fin de carriĂšre, le salariĂ©, lors de la communication de son relevĂ© de carriĂšre, se voit proposer par lâassurance-retraite lâenvoi Ă lâemployeur de sa date prĂ©visionnelle dâobtention des conditions de liquidation de sa retraite Ă taux plein
- Est Ă©galement proposĂ©e la possibilitĂ© de compenser partiellement la perte de revenu lors dâun passage Ă temps partiel de fin de carriĂšre : quand le passage Ă temps partiel est acceptĂ©, la perte de revenu qui en rĂ©sulte peut ĂȘtre compensĂ©e partiellement par lâemployeur selon des modalitĂ©s dĂ©finies soit par accord de grĂ© Ă grĂ© entre le salariĂ© et lâemployeur, soit par accord collectif dâentreprise ou de branche. Dans la version prĂ©cĂ©dente du texte, les organisations patronales proposaient une compensation partielle et non pas une possibilitĂ© de compensation partielleâŠ
Au vu des enjeux de lâemploi des seniors, dont seul un peu plus dâun tiers est en emploi en France (pour les 60-64 ans), espĂ©rons que les nĂ©gociations aboutissent Ă un accord efficace qui redonne une rĂ©elle chance aux seniors de retrouver leur place au travail plutĂŽt que de bĂ©nĂ©ficier de lâassurance chĂŽmage. Dâautant plus quâavec la rĂ©forme des retraites, les seniors devront ĂȘtre actifs encore deux annĂ©es supplĂ©mentaires. Câest une question de responsabilitĂ© sociĂ©tale, mais Ă©galement de performance des entreprises, qui seront confrontĂ©es de plus en plus Ă des pĂ©nuries de compĂ©tences et qui ne pourront se permettre dâĂ©carter une partie de leurs viviers de compĂ©tences.
Et tout se tient pour faire Ă©voluer la situation des seniors : rĂ©forme des retraites, gestion de carriĂšre, reconversion professionnelle, prĂ©vention de lâusure professionnelle, amĂ©nagements de fin de carriĂšre, modalitĂ©s de contrat de travailâŠUn levier n'est cependant pas abordĂ© dans Le Pacte de la vie au travail et qui n'est pas facile Ă actionner. Il s'agit de la prĂ©vention des stĂ©rĂ©otypes dont beaucoup de travailleurs seniors sont encore l'objet. Dans une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par cabinet Oasys & Cie en 2024, certes les managers apprĂ©cient leurs collaborateurs seniors et leurs reconnaissent des compĂ©tences. Ils pointent nĂ©anmoins certaines difficultĂ©s, telle que la rĂ©sistance au changement (76 %), le surcoĂ»t (75 %), les difficultĂ©s face aux technologies (63 %) et la moindre mobilitĂ© (57 %).***
Pour faire évoluer les mentalité des équipes Ressources humaines, des managers et de l'ensemble des collaborateurs, des sensibilisations à la prévention des préjugés sont indispensables, en parallÚle de tous les dispositifs du Pacte de la Vie au Travail. Et ce, afin d'agir sur les décisions de recrutement et de gestion de carriÚre, mais également pour une réelle inclusion des seniors en entreprise. Il serait également indispensable d'insister sur l'intergénérationnel dans le Pacte de la Vie au Travail, afin que toutes les communautés générationnelles se comprennent, s'enrichissent et apprennent les une des autres.
* 4Ăšme Ă©dition du baromĂštre du Groupe Apicil, « Inclusion â Le regard des Français sur les seniors en entreprise » rĂ©alisĂ©e avec OpinionWay, auprĂšs dâun Ă©chantillon reprĂ©sentatif de 1029 Français ĂągĂ©s de 18 ans et plus.
** Special Eurobarometer 535 Discrimination in the EU April-May 2023
*** Quel regard l'entreprise porte-t-elle sur les seniors? Oasys, 23 mai 2023)
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10 questions pour mieux comprendre cette journée
1. Transgenre de quoi parle-t-on ?
De maniĂšre restrictive, on peut dĂ©finir une personne transgenre comme une personne dont lâidentitĂ© de genre (fĂ©minine, masculine, ou non-binaire) ne correspond pas au genre assignĂ© Ă la naissance (masculin ou fĂ©minin). Une personne qui nâest pas trans est une personne cisgenre. Attention, nâutilisez pas le terme "transexuel" ou "transexuelle", qui mĂ©dicalise et qui est considĂ©rĂ© comme stigmatisant et transphobe par les personnes trans. Rappelons que ce n'est que depuis 2019 que l'Organisation Mondiale de la santĂ© (World Health Organization (WHO) ne considĂšre plus le « transsexualisme » comme une maladie mentaleâŠ
Certains dissocient les personnes transgenres des personnes non-binaires ou #genderfluid et qu'ils décrivent comme les personnes qui ne se reconnaissent ni exclusivement dans le genre féminin, ni exclusivement dans le genre masculin. C'est le choix par exemple du Canada, qui a été le premier pays en 2021 à produire des données sur les personnes transgenres et les personnes non binaires à l'aide du recensement. Pour l'identité de genre, Statistics Canada | Statistique Canada distingue les personnes cisgenres, les personne transgenres et les personne non binaires.
D'autres dĂ©finissent le terme transgenre dans une acception plus large, mais cette approche est contestĂ©e par certains non-binaires et transgenres. Selon cette dĂ©finition, ĂȘtre transgenre consiste Ă ne pas s'identifier au genre qui a Ă©tĂ© assignĂ© Ă la naissance. Le terme "transgenre" est un nom collectif dĂ©signant une multitude d'identitĂ©s et d'expressions de genre, telles que "homme/femme trans", "non-binaire" ou "genderqueer". Le terme "transgenre" devient un concept gĂ©nĂ©ral qui englobe toute une sĂ©rie d'identitĂ©s et d'expressions de genre. Les diffĂ©rentes identitĂ©s de genre liĂ©es au terme "transgenre" sont regroupĂ©es sous le nom de "Parapluie Transgenre" qui est censĂ© reflĂ©ter la diversitĂ© des expĂ©riences de genre.
2. Combien de personnes sâidentifient comme transgenres ?
Dans lâenquĂȘte Ipsos « LGBT+ pride 2023 » rĂ©alisĂ©e dans 30 pays, 1 % des rĂ©pondants se disent transgenres, 1 % non binaires/gender-fluid, et 1 % autres qu'hommes ou femmes (la part moyenne de la population LGBT+ s'Ă©lĂšve Ă 9 %).
Si jâextrapole, rapportĂ©es Ă la population mondiale de 8 milliards dâindividus, les personnes transgenres seraient au nombre de 80 millions, soit lâĂ©quivalent de la totalitĂ© de la population allemandeâŠEn intĂ©grant Ă la fois les personnes qui se disent transgenres, non binaires et qui se dĂ©crivent comme autres qu'hommes ou femmes, le pourcentage atteint 3 %. Dans ce cas mon extrapolation monte Ă 240 millions...
Il nây a pas de diffĂ©rence de proportion de personnes qui sâidentifient comme trans, selon les gĂ©nĂ©rations (alors quâelle existe pour les non binaires, selon la catĂ©gorisation d'IPSOS).
Et en France ? 1 % des répondants se disent également transgenres, 2 % se disent non-binaires et 1 % se décrivent comme autres qu'hommes ou femmes, soit un total de 4 %. Mais ce pourcentage monte à 11 % pour la Génération Z (c'est à dire pour les personnes nées en 1997 et aprÚs).
3.   Cette journée du 31 mars, de quoi s'agit-il ?
Cette journée est l'occasion, chaque année de célébrer les personnes transgenres et de faire prendre conscience de la #discrimination qu'elles subissent dans le monde entier. Elle est appelée également #TDoV (#TransDayofVisibility ou #TransgenderDayofVisibility).
4. Quelle en est l'origine de cette journée ?
La journĂ©e a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e dans le Michigan par la militante transgenre Rachel Crandall, en 2009, en rĂ©action au manque de journĂ©e de cĂ©lĂ©bration LGBT+ consacrĂ©e aux personnes transgenres (la seule journĂ©e consacrĂ©e aux personnes trans Ă©tait celle du souvenir trans qui commĂ©more les personnes transgenre assassinĂ©es pour motif transphobe). En France, le premier évĂ©nement français a eu lieu en 2018 à Paris, coorganisĂ© par l' Inter-LGBT, Pari-T, le centre LGBT Paris Ăle de France, les associations BiâCause et MAG Jeunes LGBT.
5.   Quel est le drapeau trans ?
Le drapeau le plus répandu est le drapeau créé par Monica Helms en 1999. Il a été montré pour la premiÚre fois durant la marche des fiertés de Phoenix, en Arizona en 2000. Les bandes bleu clair sont associées à la couleur traditionnelle des garçons, les bandes roses ont la couleur traditionnelle des filles. Le blanc représente ceux en transition ou qui se considÚrent comme ayant un genre neutre ou indéfini.
6.   Les personnes transgenres sont-elles visibles ?
LâenquĂȘte dans les 30 pays rĂ©vĂšle que seuls 13 % des personnes trans sont visibles (et 12 % pour les personnes non binaires). Pour les GĂ©nĂ©rations Z, la visibilitĂ© est supĂ©rieure (17 % pour les personnes transgenres et 18 % pour les personnes non binaires). En France, cette proportion est trĂšs infĂ©rieure (8 % pour les personnes transgenres et 7 % pour les personnes non binaires).
Et au #travail ? En France, seulement 9 % des personnes transgenres et non binaires dĂ©clarent leur identitĂ© au travail, selon une rĂ©cente Ă©tude menĂ©e par le Boston Consulting Group (BCG) en partenariat avec Harvard Business Review Harvard Business et tĂȘtuâąconnect. ComparĂ© Ă huit pays Ă©tudiĂ©s, la France est derniĂšre, dix points en dessous de la moyenne. Pour rappel, le baromĂštre LGBT+ L'Autre Cercle - GROUPE IFOP 2023 rĂ©vĂ©lait que pour l'ensemble des personnes LGBT+, 1 personne sur 2 nâest pas visible dans son organisation.
En Ă©changeant avec plusieurs personne trans, il ressort que la notion de visibilitĂ© est discutable. En effet beaucoup d'entre elles ne veulent pas ĂȘtre visible aprĂšs leur transition, mĂȘme si elles souhaitent que leur existence soit reconnue en tant que groupe et non pas individuellement. Il est d'ailleurs regrettable que les personnes trans soient repĂ©rĂ©es dans l'espace public et l'objet justement de transphobie.
7.   Quelle est la réalité de la transphobie ?
Dans cette mĂȘme enquĂȘte IPSOS, dans les 30 pays, 67 % des personnes interrogĂ©es estiment que les personnes transgenres sont victimes de #discriminations (en France 63 %), contre 19 % qui pensent quâelles nâen subissent pas ou peu.
C'est dans les pays hispanophones et lusophones que la perception de la discrimination est la plus élevée, et en Suisse, en Allemagne et au Japon qu'elle est au contraire la plus faible.
Une nette majoritĂ© des rĂ©pondants dans les 30 pays (76 % en moyenne, versus 77 % en France) juge que les personnes transgenres devraient ĂȘtre protĂ©gĂ©es contre les #discriminations en matiĂšre d'emploi, de logement et d'accĂšs Ă des services tels que les restaurants et les magasins.
ILGA-Europe, dans son rapport publiĂ© en fĂ©vrier de cette annĂ©e, a dâailleurs constatĂ© une nette accumulation de discours haineux Ă l'encontre de la communautĂ© LGBTI de la part d'hommes politiques dans 32 pays europĂ©ens - dont 19 Ătats membres de l'UE - au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e. La Croatie, l'Irlande, la Slovaquie, l'Espagne et la SuĂšde figurent parmi les Ătats membres oĂč la rhĂ©torique transphobe est en hausse, tandis que la transphobie a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e dans les discussions parlementaires au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas et au Portugal.
En France, lâaggravation de la transphobie est Ă©galement constatĂ©e par SOS homophobie, dans son rapport sur les lgbtphobies 2023 : en 2022, le nombre de cas de transphobies qui ont Ă©tĂ© rapportĂ©s a augmentĂ© de 35â% par rapport Ă 2020 (27â% par rapport Ă 2021). La population concernĂ©e est jeune. Le rejet en est la manifestation de loin la plus commune. Les femmes trans sont les principales victimes. Les contextes des agressions les plus courants sont les commerces et administrations (20â% des cas), Internet (18â%), la famille et lâentourage (13â%).
8.   Quels sont les droits des personnes trans dans le monde ?
Selon le rapport ILGA 2020, 13 pays membres de l'ONU criminalisent encore et de façon explicite les personnes transgenres dans leur loi. Câest le cas par exemple de lâIndonĂ©sie, de la Jordanie, du KoweĂŻt, de la Malaisie ou des Ămirats Arabes Unis.
Seule une quinzaine de pays accorde le droit Ă l'autodĂ©termination de l'identitĂ© des personnes transgenres, comme lâArgentine, pionniĂšre en la matiĂšre (2012). En Europe, 11 pays disposent de procĂ©dures lĂ©gales de reconnaissance du genre fondĂ©es sur l'autodĂ©termination de la personne (Belgique, Danemark, Finlande, Islande, Irlande, Luxembourg, Malte, NorvĂšge, Portugal, Espagne et Suisse).
Aux Ătats-Unis, les personnes transgenres sont malheureusement ciblĂ©es par de nombreuses propositions de loi des rĂ©publicains pour restreindre leurs droits. Par exemple, en Floride, des interdictions sĂ©vĂšres sont imposĂ©es aux mineurs transgenres, qui dorĂ©navant ne pourront plus bĂ©nĂ©ficier dâune thĂ©rapie hormonale, de bloqueurs de pubertĂ© ni dâopĂ©rations chirurgicales de rĂ©assignation sexuelle. Ces traitements et interventions seront dĂ©sormais considĂ©rĂ©s comme de la maltraitance infantile. Si un mineur transgenre y a recours, la justice pourra ordonner son retrait temporaire du domicile familial.
Depuis 2023, en Russie, la loi interdit aux personnes transgenres toute transition et met fin à leur droit d'adopter des enfants. Les mariages entre personnes trans seront « annulés ».
9.   Quels sont les droits des personnes trans en France ?
Depuis 1992, lâĂtat français permet aux personnes transgenres de modifier la mention de sexe Ă lâĂ©tat civil.
Depuis 2016 les personnes transgenres nâont plus Ă dĂ©montrer de transformation physique irrĂ©versible pour obtenir le changement de la mention de sexe Ă lâĂ©tat civil. La loi française de 2016 impose de dĂ©montrer que le sexe mentionnĂ© Ă lâĂ©tat civil ne correspond pas Ă lâidentitĂ© de genre et Ă lâexpression de genre. Si en 2015, le Conseil de l'Europe a enjoint aux pays europĂ©ens d'instaurer des procĂ©dures rapides, transparentes et accessibles, fondĂ©es sur l'autodĂ©termination, la France nâaccorde pas le droit Ă l'autodĂ©termination en autorisant le changement de genre sur simple demande administrative.
Par ailleurs, selon lâArticle 225-1 du code pĂ©nal, constitue une #discrimination toute distinction opĂ©rĂ©e entre les personnes physiques sur le fondement de⊠leur identitĂ© de genre.
Enfin, selon lâArticle 225-4-13 du code pĂ©nal, les pratiques, les comportements ou les propos rĂ©pĂ©tĂ©s visant Ă modifier ou Ă rĂ©primerâŠl'identitĂ© de genre, vraie ou supposĂ©e, d'une personne et ayant pour effet une altĂ©ration de sa santĂ© physique ou mentale sont punis de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
10. Les adolescents doivent-ils ĂȘtre autorisĂ©s Ă un parcours de transition ?
Dans lâenquĂȘte IPSOS, pour les 30 pays interrogĂ©s, ce sont 60 % des personnes interrogĂ©es qui estiment que les adolescents transgenres devraient ĂȘtre autorisĂ©s Ă accĂ©der Ă des parcours de transition de genre sâils disposent du consentement de leurs parents (en France 55 %).
Quâen est il de la loi en France ? Un mineur Ă qui l'on diagnostique une "dysphorie de genre", c'est-Ă -dire une dĂ©tresse liĂ©e Ă l'inadĂ©quation entre le genre ressenti et son sexe de naissance, peut se voir prescrire des bloqueurs de pubertĂ© Ă la prĂ©adolescence, puis, Ă partir de 16 ans, des traitements hormonaux fĂ©minisants ou masculinisants. Les chirurgies de rĂ©assignation ne sont accessibles qu'Ă partir de 18 ans, Ă l'exception de la torsoplastie (transformation de la poitrine fĂ©minine en torse masculin) qui peut, dans certains cas, ĂȘtre autorisĂ©e pour des adolescents. Ces procĂ©dures se font avec l'accord des parents, et aprĂšs en avoir discutĂ© avec le jeune patient et l'ensemble de l'Ă©quipe mĂ©dicale.
Ce mois-ci, des sĂ©nateurs Les RĂ©publicains envisagent de dĂ©poser avant lâĂ©tĂ© 2024 une proposition de loi visant Ă interdire aux mineurs d'effectuer une transition de genre. Au cours du mĂȘme mois, le National Health Service (NHS), lâautoritĂ© administrant les Ă©tablissements publics de santĂ© en Angleterre, a dĂ©cidĂ© dâinterdire la prescription rĂ©guliĂšre de bloqueurs de pubertĂ© Ă des mineurs prĂ©sentant des dysphories de genre.
TrÚs belle journée internationale de la visibilité transgenre. Contribuons tous à davantage d'#inclusion de toutes et tous, quelle que soit l'identité de genre.
Merci Ă Anne-Gaelle Duvochel et Claire Aurore Emma LAMBERTI she/her pour votre relecture attentive :)
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Le ministĂšre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© de l'ĂgalitĂ© entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations a publiĂ© en dĂ©cembre dernier les « Chiffres-clĂ©s : Vers l'Ă©galitĂ© rĂ©elle entre les femmes et les hommes â Ădition 2023 ».
Cette publication de plus de 100 pages prĂ©sente les principaux indicateurs actualisĂ©s sur la situation de lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes en France et dans le monde autour de 5 grands chapitres thĂ©matiques : violences sexistes et sexuelles, santĂ© des femmes et accĂšs aux droits, Ă©galitĂ© professionnelle et autonomie Ă©conomique, culture de lâĂ©galitĂ© et situation des femmes dans le monde.
Voici quelques chiffres que j'ai sélectionnés pour vous sur le thÚme de l'emploi...
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Part des femmes dans la population active et chĂŽmage
- 35 millions de femmes en France dont 14,9 millions sont actives en 2022.
- La France compte 2,2 millions de personnes au chĂŽmage, parmi lesquelles 1,1 million de femmes.
- Le taux dâactivitĂ© des femmes se stabilise au fil des ans mais demeure infĂ©rieur Ă celui des hommes (14 933 000 contre 15 643 000)
Paroi et plafond de verre
- Les femmes occupent majoritairement des professions intermédiaires (27,2 contre 22,1% pour les hommes), les hommes des métiers ouvriers (8,1 % pour les femmes, versus 29,3 % pour les femmes).
- Les femmes sont moins représentées dans la catégorie cadres (18,9 %, contre 24,3 % pour les hommes). La part des femmes parmi les cadres a doublé en 40 ans.
8 salariĂ©s sur 10 exercent un mĂ©tier non mixte (câest-Ă -dire, lorsquâau moins 65 % des salariĂ©s qui lâexercent sont des femmes ou respectivement des hommes). Les femmes reprĂ©sentent 91 % des aides-soignants, 85% des infirmiers, 73% des professions paramĂ©dicales, 95% des aides Ă domicile et aides mĂ©nagĂšres et 75% des professionnels de lâaction sociale et de lâorientation,
Mais elles reprĂ©sentent seulement 18 % des ingĂ©nieurs de lâinformatique et 16% des techniciens de lâinformatique,
27% des ingĂ©nieurs et cadres techniques de lâindustrie,
Et 18% des dirigeants dâentreprisesâŠ
- Les marges de progression pour davantage de reprĂ©sentation des femmes Ă la tĂȘte des entreprises sont encore importantes.
Parmi les membres des instances dirigeantes, on compte plus de 60 % de femmes membres de leurs instances dirigeantes dans seulement 5 % des entreprises et 40 Ă 59 % de femmes membres de leurs instances dirigeantes dans 24 % des entreprises.
Et dans 44 % des entreprises, on observe moins de 30 % de femmes membres de leurs instances dirigeantesâŠ
Femmes et temps partiel
- Sur le total de personnes en emploi Ă temps partiel, 75,1 % sont des femmes. La part de lâemploi Ă temps partiel chez les femmes en France est de 27% (28% en moyenne dans lâUnion europĂ©enne, 75,5% au Pays-Bas).
Inégalité salariale
- En 2022, dans le secteur privĂ©, les hommes gagnent en moyenne 14,1% de plus que les femmes, et cet Ă©cart sâaccentue avec lâĂąge. Le revenu salarial moyen annuel en 2021 est de 18 630 ⏠pour les femmes et de 24 640 ⏠pour les hommes. Ă poste comparable en EQTP, il est de 4,3% (câest-Ă -dire la mĂȘme profession chez le mĂȘme employeur Ă temps de travail Ă©quivalent).
Parmi les 1 % des salariés du secteur privé les mieux rémunérés en 2021, seulement 21,9 % sont des femmes.
Les rĂ©sultats de lâIndex de lâĂ©galitĂ© professionnelle sont en constante amĂ©lioration (84/100 en 2020 et 88/100 en 2023). 93 % des entreprises ont obtenu une note Ă©gale ou supĂ©rieure Ă 75/100.
Sexisme au travail
- 29 % des femmes ayant vécu personnellement un acte sexiste l'on vécu dans le travail (57% dans la rue et les transports, 49% dans le foyer et la famille, 46% dans les relations amicales et 25% sur les réseaux sociaux.
Claire Hédon, Défenseure des droits formule une série de propositions ambitieuses en matiÚre de lutte contre les discriminations : "Lutter contre les discriminations : les recommandations transversales du Défenseur des droits". Dans ce document d'une quarantaine de pages, publié le 8 février 2024, les recommandations sont structurées en 8 fiches, dont l'une est consacrée à la mesure des discriminations.
La mesure de la discrimination : un enjeu fort
Parmi ces recommandations, figure la crĂ©ation d'un Observatoire national, qui constitue, selon moi, une excellente proposition compte tenu du manque de repĂšres dont disposent les acteurs publics et privĂ©s pour agir. Depuis la transposition des directives europĂ©ennes en la matiĂšre en 2001 et la crĂ©ation de la Charte de la diversitĂ© en 2004, qui mobilise aujourd'hui 4 500 organisations, Il est temps, vingt ans aprĂšs de vĂ©rifier l'efficacitĂ© des mesures mises en place...Certes les entreprises titulaires du Label DiversitĂ©, remis par AFNOR Certification se doivent de mettre en place des outils de mesures, mais le cahier des charges ne dĂ©finit pas le rĂ©fĂ©rentiel d'indicateurs et cela ne concerne qu'une centaine d'organisations. L'Association Française des Managers de la DiversitĂ© (AFMD) a menĂ© plusieurs travaux sur la mesure de l'inclusion en 2019 ("Vers lâorganisation inclusive : Mesurer pour progresser") et plus rĂ©cemment en recensant les diffĂ©rentes mĂ©thodes d'Ă©valuation de 75 organisations (Ăvaluer pour agir : les diagnostics statistiques au service des politiques dâĂ©galitĂ©"). La conclusion de cette Ă©tude est que de nombreuses organisations "nâont pas connaissance des outils Ă leur disposition ou maĂźtrisent mal leurs modalitĂ©s dâapplication", qui par ailleurs reprĂ©sentent un investissement financier important. De plus, selon leurs auteurs, "la mĂ©diatisation du testing cannibalise parfois la prise en main des autres outils dâaudit ou de pilotage RH". Si des initiatives en matiĂšre de mesure de la prĂ©vention des discriminations sont prises par les directions des entreprises et que des associations tentent de les coordonner, elles demeurent essentiellement le fait de grandes organisations. Et sur le plan "macro", Ă l'Ă©chelle de notre pays, la radioscopie des discriminations par critĂšre et dans les diffĂ©rentes activitĂ©s (travail, accĂšs au logement, aux services...) demeure une lacune.
La Le DĂ©fenseur des droits insiste, Ă juste titre, sur la nĂ©cessitĂ© de disposer de donnĂ©es objectives relatives Ă la discrimination, ce qui est loin d'ĂȘtre le cas Ă ce jour. Or, ces donnĂ©es permettent de rendre compte de la rĂ©alitĂ© des discriminations et ainsi dâĂ©laborer et de suivre les politiques publiques et celles mises en place par les organisations.
En France, ces donnĂ©es sont parfois limitĂ©es pour certains critĂšres et elles ne sont pas collectĂ©es assez rĂ©guliĂšrement, ni suffisamment coordonnĂ©es (par exemple : l'enquĂȘte « Trajectoires et Origines », menĂ©e par lâInsee et lâIned - Institut national d'Ă©tudes dĂ©mographiques n'a Ă©tĂ© conduite que rĂ©cemment et il y a 10 ans). Les campagnes de testing sont souvent limitĂ©es au champ de lâemploi, sont trop ponctuelles et nâont pas permis aux organisations de se doter dâinstruments de mesure leur permettant vĂ©ritablement dâanalyser leurs pratiques et de mener des actions prĂ©ventives.
La Défenseure des droits formule 4 propositions majeures en matiÚre de mesure des discriminations  :
1. Mieux connaĂźtre les populations exposĂ©es aux discriminations en demandant aux acteurs de la statistique publique de dĂ©velopper la collecte et le traitement de donnĂ©es permettant de mieux renseigner les conditions de vie des populations exposĂ©es aux discriminations et des enquĂȘtes permettant le recueil des expĂ©riences de discrimination.
2. CrĂ©er un Observatoire national des discriminations. Cet Observatoire aurait pour vocation Ă produire des donnĂ©es partagĂ©es et suivies, aussi bien sur les discriminations elles-mĂȘmes que sur le suivi des mesures mises en place pour y remĂ©dier, telles que les obligations de formation des recruteurs et des agents immobiliers. Il permettrait Ă©galement de dĂ©velopper des actions de mesure telles que le testing, mais aussi dâĂ©valuer des actions correctrices expĂ©rimentales et dâaiguiller les politiques publiques. Ces campagnes de testing devraient ĂȘtre rĂ©guliĂšrement rĂ©alisĂ©es et suivies dans la durĂ©e pour accompagner les entitĂ©s testĂ©es et leur permettre de mettre en place des actions prĂ©ventives.
3. Mesurer au sein des organisations, notamment par le testing et par différentes méthodologies adaptées.
Le testing nâest pas pertinent pour certains critĂšres et certains processus, par exemple pour les discriminations continues ou qui sâĂ©talent dans le temps (dĂ©roulement de carriĂšre, attribution dâun logement social, scolaritĂ©âŠ) ou lorsque les caractĂ©ristiques ne sont pas visibles ou apparentes (via une photographie, le patronyme, le prĂ©nom, lâĂąge).
Ces testings doivent donc ĂȘtre complĂ©tĂ©s par dâautres approches, telles que les enquĂȘtes de victimation, câest-Ă -dire en demandant aux organisations dâinterroger leur personnel, leurs usagers ou leurs clients sur les situations de discriminations quâils ont rencontrĂ©es ou dont ils ont Ă©tĂ© tĂ©moins.
Dâautres mĂ©thodologies dâenquĂȘtes permettent Ă©galement dâanalyser les Ă©carts de situation et de parcours entre les personnes selon leur appartenance ou non Ă un groupe exposĂ© au risque discriminatoire(par exemple, des Ă©carts de rĂ©munĂ©ration et de promotionsâŠ).
LâĂ©tablissement dâun diagnostic et une analyse des Ă©carts de situation entre les personnels constitue une premiĂšre Ă©tape vers lâĂ©tablissement dâun plan dâaction. Au-delĂ des diagnostics prĂ©alables Ă la mobilisation et Ă une action ciblĂ©e, la mise en place dâindicateurs quantitatifs doit permettre de suivre la mise en Ćuvre et dâĂ©valuer lâefficacitĂ© des actions engagĂ©es au sein des organisations. Câest le cas de lâindex de lâĂ©galitĂ© professionnelle, qui prĂ©sente nĂ©anmoins de limites et qui ne reflĂšte pas toujours la rĂ©alitĂ© des inĂ©galitĂ©s dans les organisations ou encore de l'« Index diversitĂ© et inclusion », qui a fait lâobjet dâune expĂ©rimentation.
4.    Enfin, la DĂ©fenseure des droits dĂ©plore lâabsence de rĂ©fĂ©rentiel partagĂ© et considĂšre quâil faudrait faire converger les diffĂ©rentes obligations rĂ©glementaires portant sur la production de donnĂ©es en matiĂšre de RSE et de renforcer la cohĂ©rence des informations. Un groupe de travail pourrait ĂȘtre constituĂ© afin de prĂ©ciser ou complĂ©ter les indicateurs existants (le portail RSE liste dĂ©jĂ 47 indicateurs sur les enjeux sociĂ©taux et la gouvernance).
ux et la gouvernance).
Câest ce quâil faut retenir du 16e baromĂštre sur la perception des discriminations dans lâemploi rĂ©alisĂ© par Le DĂ©fenseur des droits et l'Organisation Internationale du Travail (International Labour Organization) publiĂ© en dĂ©cembre 2023.
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 Un enjeu majeurâŠLe rapport rappelle que les maladies chroniques sont en constante augmentation. En effet, la part de la population active atteinte dâune maladie chronique est estimĂ©e Ă 25% en 2025 (versus 15% en 2019).
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 De quoi parle-t-on ? La maladie chronique peut ĂȘtre dĂ©finie, selon lâOrganisation mondiale de la santĂ© (World Health Organization), comme une affection de longue durĂ©e, souvent associĂ©e Ă une invaliditĂ© ou Ă la menace de complications graves, qui Ă©volue lentement et nĂ©cessite une prise en charge pendant plusieurs annĂ©es. Elle regroupe diffĂ©rents types de maladies comme le diabĂšte, les cancers, le VIH, la dĂ©pression chronique, lâendomĂ©triose ou encore les maladies cardio-vasculaires.
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La maladie chronique est reconnue comme un handicap, en France, depuis la loi n°2005-102 du 11 février 2005. Mais, seule une minorité de personnes font les démarches pour obtenir une reconnaissance administrative de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
â
Par consĂ©quent, les employeurs sont tenus Ă une obligation « dâamĂ©nagement raisonnable Ă lâĂ©gard des travailleurs atteints de maladie chronique. Or, 29% des salariĂ©s atteints dâune maladie chronique ne bĂ©nĂ©ficie pas dâun amĂ©nagement, alors quâils en auraient besoin, et dans prĂšs dâun tiers des cas, lâemployeur ne suit pas les prĂ©conisations de la mĂ©decine du travail
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13% des personnes atteintes de maladie chronique ont Ă©tĂ© confrontĂ©e dans le cadre de lâemploi Ă une discrimination ou un harcĂšlement discriminatoire en raison de leur Ă©tat de santĂ© ou de leur handicap (versus 3 % pour le reste de la population active).
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 Les personnes ayant une maladie visible ont trois fois plus de risques dâavoir Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă une discrimination ou un harcĂšlement discriminatoire.
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 55 % des personnes malades dĂ©clarent avoir vĂ©cu une situation de harcĂšlement moral dans lâemploi.
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 Les discriminations dans lâemploi sâaccompagnent souvent de situations de dĂ©valorisation : remarques ou « blagues » dĂ©placĂ©es, sous-occupation, attribution de travail inutile ou sans lien avec les compĂ©tences de la personne, dĂ©valorisation injuste du travail, remise en cause de la maladie ou du handicapâŠ
Pour aller plus loin : ici
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Câest ce quâil faut retenir du 16e baromĂštre sur la perception des discriminations dans lâemploi rĂ©alisĂ© par Le DĂ©fenseur des droits et l'Organisation Internationale du Travail (International Labour Organization) publiĂ© en dĂ©cembre 2023.
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 Un enjeu majeurâŠLe rapport rappelle que les maladies chroniques sont en constante augmentation. En effet, la part de la population active atteinte dâune maladie chronique est estimĂ©e Ă 25% en 2025 (versus 15% en 2019).
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 De quoi parle-t-on ? La maladie chronique peut ĂȘtre dĂ©finie, selon lâOrganisation mondiale de la santĂ© (World Health Organization), comme une affection de longue durĂ©e, souvent associĂ©e Ă une invaliditĂ© ou Ă la menace de complications graves, qui Ă©volue lentement et nĂ©cessite une prise en charge pendant plusieurs annĂ©es. Elle regroupe diffĂ©rents types de maladies comme le diabĂšte, les cancers, le VIH, la dĂ©pression chronique, lâendomĂ©triose ou encore les maladies cardio-vasculaires.
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La maladie chronique est reconnue comme un handicap, en France, depuis la loi n°2005-102 du 11 février 2005. Mais, seule une minorité de personnes font les démarches pour obtenir une reconnaissance administrative de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
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Par consĂ©quent, les employeurs sont tenus Ă une obligation « dâamĂ©nagement raisonnable Ă lâĂ©gard des travailleurs atteints de maladie chronique. Or, 29% des salariĂ©s atteints dâune maladie chronique ne bĂ©nĂ©ficie pas dâun amĂ©nagement, alors quâils en auraient besoin, et dans prĂšs dâun tiers des cas, lâemployeur ne suit pas les prĂ©conisations de la mĂ©decine du travail
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13% des personnes atteintes de maladie chronique ont Ă©tĂ© confrontĂ©e dans le cadre de lâemploi Ă une discrimination ou un harcĂšlement discriminatoire en raison de leur Ă©tat de santĂ© ou de leur handicap (versus 3 % pour le reste de la population active).
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 Les personnes ayant une maladie visible ont trois fois plus de risques dâavoir Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă une discrimination ou un harcĂšlement discriminatoire.
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 55 % des personnes malades dĂ©clarent avoir vĂ©cu une situation de harcĂšlement moral dans lâemploi.
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 Les discriminations dans lâemploi sâaccompagnent souvent de situations de dĂ©valorisation : remarques ou « blagues » dĂ©placĂ©es, sous-occupation, attribution de travail inutile ou sans lien avec les compĂ©tences de la personne, dĂ©valorisation injuste du travail, remise en cause de la maladie ou du handicapâŠ
Pour aller plus loin : ici
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Outre l'abolition de la peine de mort et lâamĂ©lioration des conditions carcĂ©rales, nous devons Ă Robert Badinter la « dĂ©pĂ©nalisation » de lâhomosexualitĂ©, votĂ©e le 27 juillet 1982 et la loi Forni le 4 aoĂ»t 1982, portĂ©e par la rapporteure de la commission des lois, GisĂšle Halimi, et le garde des Sceaux qui abrogeait dĂ©finitivement le « dĂ©lit dâhomosexualitĂ© », une mesure qui figurait parmi les promesses de campagne de François Mitterrand.
A quand remontait ce dĂ©lit ? Il datait dâune disposition du Code pĂ©nal (lâalinĂ©a 2 de lâarticle 331), nĂ©e sous le rĂ©gime de Vichy. Il pĂ©nalisait certaines relations homosexuelles et condamnait « les actes contre-nature » et les relations entre hommes de moins de 21 ans. Il aggravait les peines en cas « dâattentat aux mĆurs sur mineurs », lorsquâil Ă©tait commis par une personne de mĂȘme sexe. Auparavant, la loi Ă©tablissait la majoritĂ© sexuelle Ă 21 ans pour les personnes homosexuelles, alors quâelle Ă©tait fixĂ©e Ă 15 ans pour les personnes hĂ©tĂ©rosexuelles. Câest pour cette raison que certains considĂšrent quâil ne s'agissait pas au sens strict de « dĂ©pĂ©nalisation » de l'#homosexualitĂ©, mais de mettre au mĂȘme Ăąge la « majoritĂ© sexuelle » pour tout le monde.
Entre 1942 et 1982, plus de 10 000 personnes (peut-ĂȘtre mĂȘme 50 000) ont Ă©tĂ© condamnĂ©es pour des actes homosexuels et 90 % de ces personnes ont encouru de peines de prison ferme.
Le 20 dĂ©cembre 1981, le garde des Sceaux avait prononcĂ© dans lâhĂ©micycle un discours mĂ©morable : « LâAssemblĂ©e sait dâailleurs quel type de sociĂ©tĂ© dans lâHistoire et aujourdâhui encore, toujours marquĂ©e par lâarbitraire, lâintolĂ©rance, le fanatisme ou le racisme, a constamment pratiquĂ© la chasse Ă lâhomosexualitĂ©. Il nâest que temps dâailleurs, Ă cet Ă©gard, de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme Ă tous ses autres citoyens, dans tant de domaines. »
Les positions de Robert Badinter contre les #lgbtpghobies ont toujours Ă©tĂ© extrĂȘmement claires. DĂšs 1976, dans son livre « LibertĂ©s, libertĂ©s », il sâĂ©tait exprimĂ© sur la notion de libertĂ© individuelle et sexuelle. Dans la piĂšce de thĂ©Ăątre « C33 », quâil a publiĂ©e en 1999, il relatait le « destin judiciaire » dâOscar Wilde, condamnĂ© en 1895 Ă deux ans de prison pour son homosexualitĂ©. En 2009, Robert Badinter avait Ă©galement parrainĂ© le premier congrĂšs mondial contre l'#homophobie et la #transphobie organisĂ© au Quai d'Orsay.
Rappelons que dans plus de 60 pays, lâhomosexualitĂ© est illĂ©gale et que dans douze pays, les relations homosexuelles sont passibles de la peine de mort : Afghanistan, Arabie saoudite, Brunei, Ămirats arabes unis, Iran, Mauritanie, Nigeria (dans certaines rĂ©gions seulement), Ouganda, Pakistan, Qatar, la Somalie et YĂ©men (source ILGA). Et que seuls 37 pays ont lĂ©galisĂ© le mariage entre personnes de mĂȘme sexe (la France vient de cĂ©lĂ©brer le dixiĂšme anniversaire lâan dernierâŠ).
Et en France, le combat pour lâĂ©galitĂ© est loin dâĂȘtre terminĂ©Â : plus de 1 500 tĂ©moignages via ses dispositifs dâĂ©coute et de soutien aux victimes de LGBTIphobies, avec un nombre de cas de transphobie qui a considĂ©rablement augmentĂ© en 2 ans (Rapport Sos homophobie 2023). Au travail, la situation est loin dâĂȘtre acceptable : 1 personne LGBT+ sur 2 nâest toujours pas visible dans son organisation, un tiers dâentre elles a Ă©tĂ© victime dâau moins une agression LGBTphobe dans son organisation, plus de la moitiĂ© des LGBT+ a dĂ©jĂ entendu des expressions LGBTphobes au travail. Et 53% Lesbiennes et femmes bisexuelles ont subi une discrimination et/ou agression au travail (source LâAutre Cercle)
Source notamment : ici
Pour découvrir le discours de Robert Badinter: ici
En 2021, en effet, 9,1 % des personnes en emploi ĂągĂ©es de 15 Ă 74 ans dĂ©clarent avoir subi des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations dans leur emploi actuel. Ce ressenti peut ĂȘtre la traduction de faits effectivement vĂ©cus dans le cadre professionnel, mais aussi le reflet dâune plus ou moins grande sensibilitĂ© Ă la question des discriminations. Câest ce qui ressort de la derniĂšre enquĂȘte publiĂ©e ce mois-ci de lâInsee (enquĂȘte Emploi 2021 et module complĂ©mentaire Ă lâenquĂȘte Emploi 2021).
Quels sont les motifs de discrimination au travail invoquĂ©s ? En premier lieu, le sexe (19%), en deuxiĂšme lieu, les origines (11%), suivis par lâĂąge (7%), les opinions syndicales ou politiques (6%), lâĂ©tat de santĂ© et le handicap (6%). Lâapparence physique nâest citĂ©e quâĂ hauteur de 2% et le lieu de vie, ainsi que lâorientation sexuelle Ă hauteur de 1%.
Le sexisme est le principal motif de discrimination au travail.
Le motif sexiste est la premiĂšre source de discrimination au travail, citĂ© par 19 % des personnes en emploi dĂ©clarant des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations. Les femmes en emploi dĂ©clarent davantage que les hommes avoir subi des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations au travail (11,3 % contre 7,0 %). Parmi les femmes dĂ©clarant avoir fait lâobjet de traitements inĂ©galitaires dans leur emploi actuel, 30 % estiment que le sexisme en est la principale raison, contre seulement 2 % de leurs homologues masculins.
Plus de la moitié des immigrés déclarent leurs origines comme motif principal de discrimination.
Les origines sont le deuxiĂšme motif de discrimination le plus citĂ© par les personnes en emploi dĂ©clarant avoir subi des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations dans lâemploi (11 %). Câest particuliĂšrement ressenti parmi les immigrĂ©s et leurs descendants. Ainsi, 57 % des immigrĂ©s et 21 % des descendants dâimmigrĂ©s mettent en relation des traitements inĂ©galitaires vĂ©cus avec leurs origines. Au total, 4,9 % des immigrĂ©s en emploi dĂ©clarent avoir subi des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations liĂ©s Ă leurs origines, contre 0,3 % des personnes sans ascendance migratoire directe.
PrĂšs dâune personne en mauvais Ă©tat de santĂ© sur quatre dĂ©clare avoir subi des traitements inĂ©galitaires au travail.
23,4 % des personnes en emploi sâestimant en mauvais ou trĂšs mauvais Ă©tat de santĂ© dĂ©clarent avoir subi des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations au travail, contre 7,7 % des personnes jugeant ĂȘtre en bon ou trĂšs bon Ă©tat de santĂ©. Les personnes en emploi en mauvais ou trĂšs mauvais Ă©tat de santĂ© sont 21 % Ă considĂ©rer que ces traitements sont principalement imputables Ă leur Ă©tat de santĂ© ou Ă leur handicap, ce motif Ă©tant pour elles le plus citĂ©, devant le sexe.
Des conséquences lourdes pour l'employeur
Outre le caractÚre injuste de ces inégalités et la perte d'opportunités professionnelles qu'elles représentent pour les personnes concernées, ces discriminations sont également lourdes de conséquences, en termes d'anxiété, de dommage psychologique, d'isolement social et de baisse de l'estime de soi.
Ces inĂ©galitĂ©s de traitements sont Ă©galement dommageables pour l'employeur, puisqu'elles sont un impact clair sur l'engagement et la rĂ©tention de leurs collaborateurs discriminĂ©s. En effet, un tiers des personnes ayant subi des traitements inĂ©galitaires au travail souhaitent changer dâemploi. Comme le relate lâenquĂȘte, le fait de subir des traitements inĂ©galitaires ou des discriminations au travail pĂšse sur la satisfaction relative Ă lâemploi occupĂ©. En effet, en 2021, si 90 % des personnes estimant ne pas avoir subi de traitements inĂ©galitaires au travail se disent plutĂŽt satisfaites ou trĂšs satisfaites de leur emploi, cette proportion nâest que de 62 % parmi celles dĂ©clarant au contraire en avoir fait lâobjet.
Deux tiers des femmes actives se disent Ă©panouies au travail, mais seule une minoritĂ© estime ĂȘtre correctement rĂ©munĂ©rĂ©e. Câest ce qui ressort dâun sondage Maxi, publiĂ© en janvier 2024, menĂ© par Ipsos et son partenaire Sopra Steria auprĂšs de 800 femmes ĂągĂ©es de 18 ans et plus.
En effet :
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 65% des femmes actives sont satisfaites de leur vie professionnelle. Des Ă©carts sont notables selon leur Ăąge : les femmes actives de moins de 35 ans sont plus Ă©panouies au travail (70% plutĂŽt Ă©panouies et trĂšs Ă©panouies, versus 56% pour les 35-44 ans et 67 pour les 45 ans et plus). De mĂȘme, les cadres sâestiment davantage Ă©panouies que celles exerçant des professions intermĂ©diaires et les employĂ©es et ouvriĂšres.
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 55% des femmes actives estiment personnellement ne pas ĂȘtre correctement rĂ©munĂ©rĂ©es pour leur activitĂ© professionnelle. La encore, des Ă©carts sont significatifs selon les Ăąges : les femmes actives de moins de 35 ans sont plus satisfaites de leur rĂ©munĂ©ration (55%, versus 36% pour les 35-44 ans et 42% pour les 45 ans et plus).
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En ce qui concerne lâĂ©volution de la paritĂ© professionnelle, 56% jugent les avancĂ©es plutĂŽt insatisfaisantes. Les femmes de 60 ans sont les plus sĂ©vĂšres et sont seulement 37% Ă considĂ©rer les avancĂ©es comme Ă©tant satisfaisantes (38% pour les 45-59% et 46% pour les 35-44% contre 57% pour les moins de 35 ans.
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 De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les femmes se disent satisfaites des diffĂ©rents aspects de leur vie. Toutefois, elles en veulent plus. Elles expriment lâenvie dâapporter des changements Ă leur vie (quâils soient lĂ©gers ou radicaux), en particulier dans leur vie professionnelle (41%) mais aussi dans leur vie sociale (29%), leurs habitudes de consommation (26%), leur vie intime et leur sexualitĂ© (25%), leur vie de mĂšre (21% : question posĂ©e aux femmes qui ont des enfants de moins de 18 ans), leur vie de couple (23% : question posĂ©e aux femmes en couple.
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 En ce qui concerne lâĂ©quilibre vie professionnelle et vie personnelle : 2 femmes sur 5 (39%) estiment ne pas prendre suffisamment de temps pour elles-mĂȘmes, une proportion qui grimpe Ă 1 sur 2 chez les actives et 3 sur 5 chez celles qui ont des enfants de moins de 18 ans. Plus de deux mĂšres sur cinq estiment qu'elles ne consacrent pas assez de temps Ă leurs enfants tandis que 5% seulement estiment quâelles leur en consacrent trop.
Pour accéder au rapport complet : ici
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